Question délicate mais nécessaire. Comment appréhendez / gérez - vous votre travail au contact de la mort ?
Philippe C. a posé une question à La police technique et scientifique
Catégorie: Défi du poste
Date: mercredi, juin 16, 2021
Dernière révision: mercredi, juin 16, 2021
Damien M.
Technicien en chef PTS / Service Départemental de Police Technique et Scientifique
Bonjour Philippe,
Dans un premier temps je souhaite vous informer qu'il n'y pas de questions délicates et surtout que vous avez entièrement raison d'aborder ce sujet.
Le rapport à la mort est une thématique très importante au sein de notre filière et la question vous sera obligatoirement posée à l'oral du concours.
Chaque personne n'a pas le même rapport avec la mort. Les spécialistes psy nous informent que chaque personne a une réaction différente à la mort.
Nous voyons régulièrement des effectifs arrêter car ils ne peuvent plus voir de cadavre (cela n'est pas une critique et je les admire de savoir dire stop sans attendre la rupture totale).
Moi personnellement en 10 ans de carrière j'ai dû dépasser les 200. Entre les découvertes de cadavres, les suicides, les homicides, les autopsies,...; je ne fais plus attention. Et je trouve que c'est mieux ainsi.
Ma méthode pour ne pas être impacter:
- déjà le travail que nous faisons est un acte essentiel et de respect pour la victime et la famille de la victime. Car il permet de déterminer si oui ou non il y a eu intervention d'un tiers, d'identifier l'auteur si besoin et de déterminer les causes de la mort (avec le médecin légiste).
- après il faut aussi avoir une vie extérieure au travail bien construite pour pouvoir évacuer et passer à autre chose. Moi j'ai mes enfants, je pratique beaucoup de sport, j'entraine une équipe de basket et je jardine beaucoup ;-)
Pour être franc avec vous, sur une scène comme cela, ce ne sont pas les morts les plus durs à gérer; mais les vivants (la famille surtout). Car vous ne ressentez pas la peine du mort mais vous entendez les dires, cries et ressentez les émotions des prches qui sont autour. Pour les besoins des constatations, vous allez devoir rentrer dans la vie de la victime et de ses proches.
Surtout je ne dis pas ça pour vous faire fuir, mais je partage cela avec vous et les autres lecteurs en toute transparence.
En espérant que ma réponse vous convienne et ne vous choque pas trop.
Je reste à votre disposition
Damien
mercredi, juin 16, 2021
Philippe C.
Votre réponse ne me choque pas, bien au contraire cela a le mérite d'être franc et sincère. Comme vous le dites, on aura tous des réactions différentes et on ne peut le savoir qu'au moment venu. Sauf si on a déjà été confronté à cette situation dans la vie.
Merci pour les conseils au niveau de la méthode.
Les personnes qui ne souhaitent plus voir de cadavres sur le terrain, doivent quitter obligatoirement la police scientifique ou ils ont la possibilité de trouver un poste uniquement en bureau/labo ?
Cordialement,
mercredi, juin 16, 2021
Damien M.
Technicien en chef PTS / Service Départemental de Police Technique et Scientifique
Les personnes qui ne peuvent plus voir de cadavre peuvent demander leur mutation sur d'autres services qui ne gèrent pas ce type de constatations.
Après si le service est assez fourni en effectifs, on peut adapter les missions de l'effectif mais il ne fera plus d'astreintes.
En identité judiciaire, il est possible d'être affecté dans des plateaux techniques de proximités (révélations de traces papillaires sur des supports). Ce type de poste peut-être une bonne alternative aussi.
Notre rôle en tant que Chef de service est d'accompagner les effectifs en souffrance vers la solution la meilleure pour eux: mutation, reconversion, versement en tant qu'administratif,...
Au plaisir.
mercredi, juin 16, 2021
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