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Quelle différence faites vous entre votre travail et celui des travailleurs sociaux ?

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Bonjour, tout d'abord merci pour votre témoignage vivant et incarné. Je suis un éducateur spécialisé (j'ai eu l'occasion de faire un stage quelques mois auprès d'un ESI mais l'essentiel de mon expérience se situe dans le domaine de la protection de l'enfance) qui souhaite devenir gardien de la paix et votre témoignage fait écho à l'idée que je me fait de ce métier et des valeurs qui s'y rapportent. Cette brigade est je crois unique en France et elle (d)étonne. Etant actuellement travailleur social je me pose la question de savoir quelle différence faites vous entre votre travail et celui des travailleurs sociaux ? Comment êtes vous perçus par les autres intervenants ? Où s'arrête votre intervention (dans l'accompagnement) ? Comment êtes vous complémentaire ? Votre service a t il une fonction de renseignement (sur d'éventuels trafics, évolution de la population, mineurs en dangers) ? Réalise t il des enquêtes (agressions entre sans abris ... ) ? Quels sont les liens entre votre service et les autres services de la Préfecture de Police ? J'ai conscience que ça fait beaucoup de questions :$ . Merci par avance pour vos réponses. Thomas

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THOMAS Z. a posé une question à Police Nationale

Catégorie: Comparaison de poste

Date: lundi, août 12, 2019

Dernière révision: mercredi, septembre 18, 2019

Christophe M.

Gardien de la paix à la Brigade d'Assistance aux Personnes Sans-Abri

Bonjour Thomas, oui ça fait beaucoup de questions, mais cela montre ton intérêt. Tout d'abord mes excuses d'avoir tant tardé à te répondre. A la BAPSA, on pratique surtout du "social logistique", c'est à dire du transport de personnes (migrants, sdf, etc) en centres d'accueil de jour ou de nuit, notamment au CHAPSA de Nanterre. Le "social" est une notion floue, je pense que cela dépend du capital humain de chaque agent. Sourire, servir le café, s'intéresser à l'autre, l'informer des moyens de s'en sortir, être patient, à l'écoute sans juger, répondre au public curieux de notre fonction, toujours avec pédagogie et tact, tout ça, c'est un peu du social, de la proximité pour moi. Mais les définitions varient selon les agents. On fait peu ou prou le même boulot que le samu social, disons que l'uniforme nous donne un grand avantage qui est celui de nous imposer: on peut pas toujours être "sympa" ou "permissif" avec les grands exclus. Un exemple : le tri du bus de la BAPSA (tous les jours 145 sdf transportés en 2 fois depuis la porte de la villette jusqu'à Nanterre) est l'occasion de bien des frictions entre les agents et les sdf les plus virulents. L'uniforme nous permet de nous imposer plus facilement, toujours avec professionnalisme et le plus grand respect de personnes déjà très fragilisées par la rue... mais c'est un exercice délicat. Voilà une différence avec les travailleurs sociaux plus classiques. En gros, on est plutôt sympa et souriants, mais parfois il faut marquer l'autorité, les sdf l'acceptent mieux avec l'uniforme... et il y a parfois des cas très difficiles tant la désocialisation (alcool, maladies, folie, etc) est forte... Faire un transport sanitaire pour un sdf mourant mais contre son gré, c'est parfois très difficile... Aucune enquête, aucune procédure particulière à la BAPSA. Tout est dans le contact humain direct, et c'est très très bien à une époque où tout se bureaucratise. On parle souvent avec les membres d'autres associations, des soignants, on échange des infos comme ça.... Et c'est très bien aussi selon moi, on évite que les initiatives se perdent dans les méandres administratifs... Tu sais, un simple mail n'est pas toujours suivi d'effets... La BAPSA ne fait pas d'évictions, ce n'est pas un service coercitif, absolument pas, et tu y seras mal si tu veux interpeller des gens. Ce n'est pas du tout notre job. On travaille pas mal avec l'UASA, unité qui traite les sdf à la mairie de Paris, on bosse avec les assos comme la croix rouge, la protection civile, Emmaüs, etc. Chaque agent se bat plus ou moins pour certains cas de sdf qui peuvent déboucher sur une insertion, ça arrive de temps en temps, c'est bon signe. Je pense que la BAPSA s'inscrit dans la philosophie que je me fais de la France : on laisse jamais tomber les gens, ça peut avoir des dérives à trop assister les gens, mais rien de pire pour moi qu'une société à l'américaine où l'humain ne vaut plus rien dès qu'il n'a plus un centime... Désolé de mon discours spontané, mais je pense que cela plaît aux nouvelles recrues, il faut être dans le vrai, dans le juste, pas que dans l'institutionnel... Bref, tu passes quand tu veux à la BAPSA, 18 rue Raymond Queneau à Paris 18, et tu demandes Christophe de la Brigade B. Amitiés, C.

mercredi, septembre 18, 2019

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